Ambrose Bierce - Dernière lettre à sa nièce Lora

 

Chère Lora,

Je pars demain pour longtemps, cette lettre est donc pour dire adieu. Je pense que rien d’autre ne vaut la peine d’être dit ; alors tu t’attends naturellement à une longue lettre. Quel monde intolérable ce serait si nous ne disions que ce qui vaut la peine d’être dit ! Et si nous ne faisions rien de stupide – comme de partir au Mexique ou en Amérique du sud.

J’espère que tu iras à la mine bientôt. Tu dois avoir faim et soif des montagnes – et Carlt aussi. Que la civilisation aille au diable ! C’est les montagnes et le désert pour moi.

Adieu. Si tu apprends qu’on m’a collé contre un mur mexicain et fusillé, sache que de mon point de vue c’est une excellente manière de quitter cette vie, très supérieure à la vieillesse, à la maladie et à la chute dans l’escalier de la cave. Être un gringo au Mexique, ah, ça c’est de l’euthanasie !

Amitiés à Carlt, et toute mon affection à toi

Ambrose

 

 

En octobre 1913, en pleine révolution mexicaine, l’écrivain américain Ambrose Bierce franchit la frontière pour rejoindre l’armée de Pancho Villa. Il fut vu pour la dernière fois le 26 décembre dans la ville de Chihuahua.

 
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